Vide, désir, addiction
Avec un taux de satisfaction de 95%, le 2ème congrès de l’institut Mimethys auquel l’association francophone d’HTSMA a participé et qui s’est déroulé du 26 au 28 mai 2016 à Saint-Brévin les Pins (44), a rencontré un joli succès.
Philosophie, neuroscience, agronomie, écologie, hypnose, HTSMA, médecine… une palette variée et riche qui permet à ce rendez-vous de sortir des sentiers battus des habituels congrès et qui a eu son petit effet auprès des participants . « Ambiance familiale », « convivialité », « simplicité », « écoute »,« respect »… Autant de commentaires que l’on peut lire sur le formulaire d’évaluations.
Ajoutez à cela des conférenciers compétents, motivés et motivants, qui, au delà de leurs interventions, ont su se rendre disponibles, accessibles et ouverts. Cette proximité des intervenants a conféré une grande qualité dans les échanges, a tel point que certains aurait voulu pouvoir débattre plus longtemps.
En résumé, ce congrès a suscité l’intérêt, éveillé l’envie, accru la curiosité, de bon augure pour le prochain !
Retour sur le congrès de 2016
Argumentaire
« Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente. » Camille Claudel
Notre société s’est développée sur un tryptique : science, technique, consommation. En son centre a émergé le concept de « l’individu autonome » avec l’idée que le confort matériel amènerait à la sécurité et au bonheur. Dans notre pratique de thérapeute, nous entendons cette demande récurrente : « je viens vous voir parce que je veux être bien ». Le bien-être, le bonheur est-il une matière qu’il est possible de s’approprier comme un bien, comme un dû ? La recherche du bonheur, telle qu’elle est valorisée dans nos sociétés, ne pousse-t-elle pas à une quête sans fin, lit de l’addiction ?
Le terme d’addiction a été employé par Freud pour témoigner de l’évolution défavorable du lien de dépendance de l’enfant à sa mère, nécessaire à la survie de celui-ci. Aujourd’hui, l’addiction comme dépendance à un produit ou à un comportement, a envahi autant l’espace médical que médiatique. La quête porte sur la recherche du plaisir qui donne l’illusion d’être ailleurs, de la performance qui donne l’illusion de toute puissance, de la sérénité qui donne l’illusion d’un monde sans peur, sans douleur ni angoisse. Pourtant, l’inverse va se produire : le manque, la culpabilité, le désintérêt, la perte de motivation, l’isolement, la déchéance physique, psychologique et sociale et à l’extrême la mort. Ceci nous amène à une question majeure : quelle intention pousse des enfants, des adolescents, des adultes, des cultures dans le monde de l’addiction ? Quel désir, quel rapport à la vie amène une personne dans la spirale infernale de la dépendance ? Qu’amène-t-elle de si important pour la personne que même la conscience de sa dimension destructrice a peu d’effet sur la capacité d’y mettre fin, voir aggrave la dépendance ?
« L’addict » est le consommateur idéal. C’est un client fidèle, régulier, prévisible. Il permet à toute une industrie et à tout un commerce d’innover, de produire, de vendre et d’en tirer des bénéfices considérables. Ceci nous questionne sur la position du discours sociétal et des médias dans le développement de ce processus entre la tolérance implicite et l’interdit explicite.
René Girard a montré que le désir est un désir de posséder ce que l’autre possède et qu’il peut amener à la rivalité mimétique. Comment l’immédiateté de la satisfaction du désir tue le désir et amène à l’incomplétude, au vide, au manque, à la perte du sens de la vie ? L’addiction aurait-elle à voir peu ou prou avec la menace d’effondrement des liens : dans la peur que ça arrive, dans la lutte pour que ça n’arrive pas ou parce qu’il s’est déjà produit ? Quelles interactions y a t-il avec les problématiques d’attachement, le psychotraumatisme comme problématiques projetant l’individu dans une expérience de vide ?L’entrée dans l’addiction pourrait-elle alors être conçue comme une tentative de résilience ?
L’objectif de ce congrès, à taille humaine, est de tisser des liens entre des champs de connaissances divers autour du phénomène addictif, de s’ouvrir à une compréhension à multi-niveaux à partir des concepts de vide et de désir qui puissent permettre d’éclairer, de partager nos pratiques, et de découvrir de nouvelles pistes thérapeutiques autour de l’hypnose et des thérapies brèves.
Dr Éric BARDOT
Directeur de l’Institut Mimethys
Comité d’organisation
- Aurore RUIZ, Présidente du comité
- Dr Eric BARDOT,
- Catherine BESNARD-PERON,
- Dr Michel LAMRALERE,
- Stéphane ROY,
- Dr Hervé ABÉKHZER,
- Mady GATINEAU,
- Dr Patrick DAMGE,
- Tristan DE LAAGE,
- Géraldine FRANZETTI,
- Solen MONTANARI,
- Diane TESSIER,
- Edouard BARDOT,
- Vanessa BELAÏDI,
Comité scientifique
- Dr Éric BARDOT, psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute, président du comité
- Dr Virginie BARDOT, psychiatre, pédopsychiatre
- Pr Amine BENYAMINA, professeur et président de la Fédération Française d’Addictologie
- Dr Julien BETBEZE, psychiatre, pédopsychiatre, psychothérapeute
- Pr Gérard OSTERMANN, professeur de thérapeutique et président de la CRAA
- Stéphane ROY, psychologue, psychothérapeute
- Dr Bruno SUAREZ, médecin radiologue
- Dr Alain VALLÉE. psychiatre, psychothérapeute